Retour au bercail [FlashBack] [Pv Eri]

On dit que si on suit un court d'eau, on arrive à la mer.
Pourquoi pas, ça a l'air plutôt pas mal !

Voilà quelques mois déjà que j'ai quitté le Temple. Mes anciens compagnons me manquent, mais je sais que je ne supporterai pas d'y retourner. Cet endroit, sans lui : impossible. Je préfère garder en mémoire les belles années que j'y ai passé, et pas la dernière. L'oublier. 

Mon retour à la résidence familiale ne s'était pas passé comme je l'avais prévu. En fait, je n'avais rien prévu du tout. Rentrer, c'était tout ce que ma conscience me dictait, rentrer à Iwa. Mon père a honte de moi, tant pis. Je ne lui en veux pas, j'arrive à comprendre que je l'ai mis dans une situation délicate envers ses supérieurs : l'enfant qu'il a promis, qu'on a formé et qui finalement revient à la niche comme un chien blessé. J'en suis désolée pour lui, mais en parler serait une erreur, il ne comprendrait pas mon point de vue. Je me tais donc, et lui aussi, ce qui nous convient parfaitement à tous les deux.

C'est presque inconsciemment que me pas me guident en direction du Sud-Est. Je ne suis encore jamais venue par ici, ma curiosité prend le dessus et je décide de continuer plutôt que de rentrer. Je ne me souviens pas d'avoir quitté le village. Je sais juste que je marche depuis un sacré bout de temps, j'ai vu la lune deux fois.. peut-être suis-je en train de rêver ? Pic-pic ! 

- Aiiie ! Non mais qu'est-ce qui t'arrive, Sora ?!

Non, je ne rêve pas ! Pas moyen de rêver d'une saleté de piaf qui s'amuse à me pincer dès que je commence à divaguer. Bon, il faut avouer qu'il est quand même assez utile, à sa façon. Il me colle depuis des mois, impossible de m'en débarrasser. C'est irritant parfois. L'oiseau, qui a l'air plutôt fier de lui, virevolte autour de moi. Je me demande bien comment ces petites ailes arrivent à supporter le poids de son gros corps.

- Dindon.

Le paysage est très étrange par ici. Terne. Certes, par chez moi c'est pas très différent, mais ici c'est trop, vraiment trop moche. D'après mes calculs, s'ils sont exacts, je dois sûrement être pas loin du village d'Ame. Ce qui, dans mon cas, n'est pas une très bonne chose. Qui sait sur quoi je risque encore de tomber ! Après tout, j'ai le chic pour me mettre dans des situations pas très claires voire un peu merdiques de temps en temps. Mais je décide de continuer ma route malgré tout. Je ferai demi-tour à la nuit tombée. Si ça se trouve, un jour, si je referai le même genre d'escapade, j'irai jusqu'au Pays du Feu ? Ou plus loins encore. Bah, une véritabe gamine. J'avais d'autres choses à faire, comme être un Ninja exemplaire d'Iwa. J'avoue, c'est loin d'être gagné.

Oh non, je rêve, dites moi que je rêve.. Mais c'est pas possible ça ! Voilà qu'il pleut ! Restons calmes, restons calme... Je suis furieuse malgré tout. Je n'ai rien de particulier contre la pluie, mais là j'en avais pas besoin. Je m'arrête brusquement. L'eau commence à dégouliner sur mes cheveux et m'inonde les habits, ce qui me fait frissonner. Me retournant un peu de tous les côté, je cherche.. quoi ? Des lumières, une source de vie. Bingo ! Changement de programme, ce sera visite du Pays de la Pluie pour les prochains jours ! J'accélère l'allure et prends Sora sur mon épaule, comme il n'arrive pas à me suivre. 

Après quelques heures de course sous la pluie, je suis en sueur et trempée jusqu'aux os. Amegakure no Sato. Magnifique ! Pas le temps de réfléchir, je dois m'abriter. En y pensant, ces deux derniers jours, je n'ai rien fait d'autre à part marcher.. Voilà donc pourquoi j'ai si faim. Tant pis, je souffre en silence. Ou pas. Je m'arrête au stand d'un des rares commerçant encore ouvert à cette heure tardive et lui prend de quoi grignoter. Maintenant, je dois chercher un hotel, si je ne veux pas passer la nuit dehors. Un passant a la gentillesse de m'y accompagner, sans doute était-il motivé par autre chose que sa bonne conscience : mes vêtements clairs et simples trempés qui me collaient à la peau étaient sans doute sa véritable motivation. Je le remercie tout de même et m'en vais réserver une chambre.

- Désolée, mademoiselle, nous n'avons plus rien de libre ce soir. Pour demain peut-être ?

- QUOI ?! Non mais vous voulez rire ? Je ne vais quand même pas passer la nuit dehors avec le temps qu'il fait ! Donnez-moi l'adresse d'un autre hôtel !

- Eh bien, c'est que, les autres sont à l'autre bout de la ville et nous n'avons pas pour habitude de leur envoyer nos clients...

- PARDON ?!

Ne pas le tuer, ne pas le tuer. J'aurai dû rentrer bien plus tôt. La poisse !

J'étais sur le point d'étrangler cet espèce de chose inutile qui se tenait derrière le comptoir quand un homme prit sa défense. Ou la mienne, va savoir. En tout cas il aura sauvé la vie de ce réceptionniste pourri. Je ne pu donc pas m'empêcher de lui lancer un regard des plus réprobateurs. Bon, c'est clair que j'aurai eu pas mal de problèmes et la plupart des Ninjas d'Ame sur le dos si je m'étais emportée. Saleté de comportement trop impulsif, il faudra vraiment que j'apprenne à mieux me contrôler. 

Alors là c'est un fait : je suis folle. Complètement tarée ! Non seulement mon rêve, qui a viré au cauchemar, a l'air bien réel, mais en plus, j'y incorpore un super-Mizukage-super-jeune-vachement-mignon ! Pic-pic ! Ah, merci Sora pour l'info : je suis réellement embourbée. Mais que serait la vie sans un peu de distraction ? Cet homme, s'il était bien le Kage, ne me ferait rien, du moins, à mon avis. Oui, je doute de son identité. Certes il dégage l'aura d'un puissant personnage, mais paraît un peu jeune pour prétendre au poste de Kage. Oh, et puis, qu'il soit qui il veut, tant que j'ai ma chambre ! 
La fatigue me brouille l'esprit, je ne résonne plus. J'ai déjà quelques soucis de raisonnement à la base, mais là, je cafouille même dans mes pensées. Que ne donnerais-je pas pour un lit ?

L'inconnu est quand même drôlement autoritaire, ce qui me fait sourire et étouffer un pouffement. Mon rire devient vite jaune cependant. Des choses à proposer ? Il faudra qu'il m'excuse un jour ou l'autre, mais vu mon état, je crois bien prendre la plupart des paroles qui me sont adressées comme des agressions. Et puis d'abord, de quoi il se mêle ? Se détendre. J'ai envie de jouer un peu. Rah, une gamine, je suis une gamine !

- Pourquoi ne pas supprimer ce malheureux personnage ?

Sadique. Ca m'arrive parfois, mais j'adore ça. Surtout accompagné de mon sourire si naturel et innocent, je désignai le réceptionniste d'un geste de la tête. Je n'avais pas crié comme avant, donc la plupart des gens présents n'ont sans doute pas compris ce que raconte. Le réceptionniste cependant, devint blanc comme linge et adressa un regard paniqué au dénommé Shieru. D'une agilité de petit-félin-tout-chou, je me glisse derrière le réceptionniste. Je sais que je n'ai qu'une voire deux seconde pour agir, si l'inconnu était bien le Mizukage. Il essayerait de le sauver, à coup sûr. Je pourrai faire exprès de perdre du temps, histoire de vérifier sa réaction. Mais non, pas envie. Je passe mes doigts dans la nuque du pauvre homme et hop ! Je lui donne une pichenette à l'arrière du crâne avant de revenir de l'autre côté du comptoir, prise d'un fou rire.

- Mes excuses, mais c'était trop tentant ! ... Mais.. Au moins vous comprenez, j'espère... Que j'ai vraiment besoin... d'une chambre...

Je crois bien que ce pauvre quinquagénaire derrière le comptoir a failli nous faire une attaque. J'arrête de rire petit à petit, puis reprend un air plus calme. Force m'est d'avouer que j'ai vraiment hésité à lui tordre le cou, j'en ai vraiment eu envie. Mais ça n'aurait pas été moi. 

- Plus sérieusement, il me faut une chambre, sans quoi je risquerai d'être moins agréable.

Sous-entendu pas si sous-entendu que ça : donne moi une chambre ou je reviens te terminer plus tard. La patiente n'est pas une de mes principales qualités et elle commence sérieusement à se dégrader.

Je ne sais pas si je suis sur le point d'exploser de frustration ou de rire. Cette situation me tape sérieusement sur le système. Et ce Shieru... me laisse perplexe. Comment quelqu'un peut-il à ce point minimiser l'importance d'une vie ? Un Kage est là pour protéger son village. Certes, nous ne sommes pas à Kiri, mais il disait être du coin. Alors à quoi bon sacrifier des vies dans son pays d'origine ainsi ? Bah, il a sûrement dit ça comme ça. Ou bien ? Après tout, ce ne sont pas mes affaires, cet homme est ce qu'il est, je n'ai pas le temps d'y prêter attention là tout de suite. Je m'apprête à lui envoyer un réflexion digne d'un ours-grognon-vexé-boudeur quand la porte de l'établissement s'ouvre à la volée.

1, 2, 3, 4 et 5 loubards qui débarquent. Eh bien, la soirée vient juste de commencer et j'ai peur d'être loin du bout ! La poisse ! Et c'est sous mes yeux hagards que cet idiot de réceptionniste leur balance une clé ! Une clé ? Oh, oh.. Je ricane intérieurement : MA clé, huhu.. Je laisse Shieru piquer une colère contre le vieux et prend la direction des jeunes. Mais le 'vous l'aurez voulu' me fait faire un demi-tour net. Je n'ai pas la force physique pour me prendre un tel coup et ne veut pas terminer K.O. sans ma clé. Ma rapidité n'a pas suffit, j'ai juste eu le temps d'appuyer sur le bras de Shieru pour dévier un peu son coup. Le réceptionniste est toujours en vie, mais assommé, gisant au sol. Au moins, il aura survécu. Je sais, je sais, je n'aurai pas dû faire ça ! Mais que faire d'autre ? Bien que complètement débile, cet homme ne mérite pas d'y passer. Une bonne petite journée de torture aurait largement suffit. C'est trop soudain et trop rapide, un coup dans la figure.. Je me tourne vers le Ninja, et lui jette un regard accusateur.

- Je pense que la vie humaine a tout de même plus de prix que ça, tu l'aurais tué. 

Sérieuse, moi ? Visiblement. Même pas le temps de continuer qu'il balance son kunai sur les jeunes. Ah oui oui, ma clé ! D'une démarche souple, je me dirige vers eux avec le sourire. Deux d'entre eux se donnent des coups de coudes et me relookent comme si j'étais une friandise. Les autres s'agitent, ne comprenant pas la gravité de leur situation. Je pourrai les plaindre, c'est vrai, s'ils ne l'avaient pas cherché. Arrivée près du jeune en possession de ma clé, je me mets sur la pointe des pieds pour que ma bouche soit au niveau de ses oreilles, qui commencent à rougir. 


- Bon alors, raconte-moi, ce que les gens disent sur vous ?

Le temps qu'il reprenne ses esprits et que ses petits amis se rendent compte de mon petit tour, j'avais la clé en main et donnait un bon coup de poing dans l'estomac du jeune, qui tomba à la renverse. Je n'ai aucune force dans les bras, mais je dois avouer que pour ce coup, je suis carrément fière ! Les autres loubards sont encore bouches bées quand je me tourne vers eux et dit avec le sourire :

- Voilà, personnellement je n'ai plus aucun problème avec vous, les gars ! J'ai ma clé, et dois avouer que vous m'avez bien aidée : sans vous je ne l'aurai sûrement pas eue. Maintenant, si vous vous sentez vexés ou quoi que ce soit, il faudra voir ça avec mon ami là-bas, celui qui vous a lancé un kunai.

Je leur fait un clin d’œil. Rah, ces pauvres types sont tellement idiots ! Et voilà, le temps que le message leur monte au cerveau, je vais gentiment m’asseoir sur un fauteuil moelleux et observe la scène. Les idiots chuchotent puis foncent vers le Kirijin. Shieru VS 4 loubards ? Je connais déjà la fin de l'histoire, mais le spectacle risque d'être sympa !

Étonnant ! Je n'avais jamais vu ça auparavant. Etre capable d'absorber le chakra, et de le libérer de cette manière, c'est juste.. inhabituel ? Je me demande bien d'où sort ce type. De Ame, d'après ce qu'il raconte. Y en a-t-il d'autres comme lui ? Va savoir. Le pauvre, je devrai me sentir coupable de lui avoir tout mis sur le dos, mais je ne regrette pas, au contraire. Au moins, là je peux avouer qu'il a la puissance d'un Kage. Même si la droite qu'il s'est prise au début du combat m'a bien fait marrer. J'ai bien essayé de contrôler ma tête quand il a fait sa démonstration, mais pas moyen, j'avais les yeux grands ouverts et j'enregistrais, essayant de comprendre comment il arrivait à faire ça. Ce devait être un don héréditaire. J'irai me renseigner sur ce 'Meiton' dès mon retour à Iwa. 

La manière dont il a traité ce ninja m'a déplu. Leur donner une correction, oui, mais pas le tuer. Je sais, un véritable ninja ne recule pas devant le fait de tuer son adversaire. Mon père me le répétait assez souvent, quand il m’entraînais pendant mon enfance. Mais j'y peux rien, je préfère les laisser repartir. Certes, parfois avec des membres en moins, mais ils repartent presque tous. Je ne m'attendais pas à ce qu'il laisse les trois autres en vie, flemme ou compassion ? C'est donc toujours vautrée dans mon fauteuil moelleux que je les regarde s'en aller. Au moins ils emportent le corps, ça évitera de devoir le jeter dehors par après. Ca fait toujours désordre un cadavre qui traîne dans la rue au milieu de la nuit. Je leur adresse un petit salut de la main, tout en repensant à la façon dont Shieru avait tué l'un des leur. La plupart des clients étaient soit montés dans leur chambre, soit partis en courant à l'extérieur.

Et vlam ! Voilà que je me fais voler mes clés. Prise de surprise, je me redresse et toise le Kirijin encore une fois. Je n'ai pas envie de me battre avec lui, je sais que je perdrai. Et j'ai vraiment, vraiment envie de dormir. Il me faut ma clé. Je vais donc lui donner ce qu'il veut. Au pire, il me tuera, mais ça signifiera un sommeil éternel. Dans que je dors, pas de problème ! Je regarde autour de moi. Les rares clients encore présents sont terrorisés, et je n'ai pas envie de dévoiler mon identité devant des témoins susceptibles de m'attirer des ennuis pas la suite. Une petite fille est en train de se disputer avec sa mère. Elle voulait partir mais sa génitrice préférait rester à l'abris le temps que moi-même et Shieru prenions le large. Je n'aime pas causer du tord aux innocents. C'est décidé.

- Parlons de ça dehors, les personnes ici présentes aimeraient certainement retrouver un peu de tranquillité. Et pas la peine d'être aussi autoritaire.

Je me lève non sans fulminer intérieurement. Je ne suis pas prête d'aller me coucher, ah ça non ! Au passage, je dépose de quoi payer les réparations des dégâts causés par le simili combat à sens unique auquel je viens d'assister. Après tout, c'est moi la responsable, je les ai envoyés se faire massacrer. Je jette un coup d'oeil au niveau du bureau à l'arrière du comptoir, histoire de vérifier qu'il n'y ait pas d'autre clé. Mais non, quelle poisse, encore et toujours ! Une fois dehors, je continue de marcher tranquillement dans la rue.

Elle est déserte et il fait nuit noire. Notre conversation pourrait être écoutée par des oreilles mal-intentionnées mais je n'ai pas peur pour ça. La pluie couvrira nos paroles, et c'était bien mieux ainsi. Je pivote ma tête vers l'arrière pour voir si le Kirijin me suit, ça a l'air d'être le cas. Tout en marchant, je déballe ce qu'il voulait entendre, comme ça, j'aurai ma clé, si je ne me fais pas tuer avant. Mais après tout, pourquoi me tuerait-il ? Ca ne lui apporterai rien. C'est vrai que cet homme a plus l'air d'un animal lorsqu'il combat, et qu'il est vraiment cruel et sadique, mais je ne m'inquiète pas plus que ça pour ma peau. Trop fatiguée.

- Eri, Juunin d'Iwa, gardienne du Temple de la Terre jusqu'à il y a quelques mois. Je ne suis pas ici dans le cadre d'une mission, j'ai juste eu un.. 

Je ne savais pas comment continuer. Un problème de concentration ? Genre, 'désolée, y a des jours où je suis psychologiquement absente !'. D'orientation ? Encore pire, rien de plus nul qu'un ninja qui se perd. Je soupire, cherchant mes mots. 

- Envie de voir du pays, je n'avais presque jamais quitté Iwa auparavant. J'ai atterri ici. Voilà, maintenant rends-moi la clé je te prie.

Je m'étais arrêtée avant ma dernière phrase et m'étais retournée pour lui faire face. Pitié, qu'il me rende cette foutue clé !

Je n'aime pas me faire observer. Et je déteste encore plus quand je sens qu'on est en train de le faire. C'est agaçant. On se pose trop de questions, qui parfois n'ont aucun sens. La première : qui ? La seconde : pourquoi ? Bon, ces questions là sont assez légitimes, me direz-vous. Est-ce que c'est pour moi ? Ou bien pour ce cher Mizukage ? Je dirai plutôt pour lui. Après tout, ce n'est pas moi qui suis à la tête d'une des 5 plus grandes forces militaire actuelles. Je n'ai personnellement pas d'ennemis qui pourraient m'en vouloir au point de me filer. Les seuls qui en auraient été capables sont morts. Je tue rarement, juste quand les risques sont trop grands.

Je soupir un bon coup. Je ne possède pas de technique sensorielle capable de trouver l'emplacement exact de cette paire d'yeux qui nous dévisagent depuis un petit moment. Un regard du côté du Kirijin. Lui aussi semble perdu dans ses pensées. Je ne l'ai pas remercié lorsqu'il m'a rendu la clé. La pression retombée, je me demande si j'aurai dû le faire. Bah, il est trop tard maintenant et un jeune adolescent nous raconte sa vie.

Honnêtement, je n'aurai jamais pensé que le Village de la Pluie soit aussi corrompu. Mais mon attention est attirée par une ombre. Petite, bizarre, entre deux bâtiments à côté de l'hôtel. Je laisse Shieru avec son ado et vais jeter un œil. Un ennemi ? L'observateur ? Le souffle et les pas silencieux, je m'approche avec rapidité, profitant de l'ombre pour avancer. Les mains prêtes à effectuer des mudras, au cas où la situation virerait à une capture. A la une, à la deux, à la ... Je m'arrête net, les yeux grands ouverts. Une gamine. Entre 4 et 5 ans maximum, habillée de haillons, le visage plein de larmes et de ... Morve. Je n'ai pas d'affinité particulière avec les enfants, mais ce petit visage crasseux me serre le ceur. Je me baisse afin de me mettre à son niveau, et parle tout doucement, essayant d'être rassurante.

- Bonjour ! Je m'appelle Eri, pourquoi es-tu dehors au milieu de la nuit ? Tu veux venir avec moi, je vais t'emmener au chaud.

La petite est terrorisée, mais se calme assez vite, ce qui est surprenant. Elle ne parle pas, mais me prend la main que je lui ai tendue. Je la prend finalement dans les bras et retourne vers l'entrée de l'hôtel, où Shieru me proposait de l'accompagner. Je m'apprête à répondre quand l'ado s'affole :

- Kina ! Kina, je t'avais dit de rester cachée ! Rendez-la moi, c'est ma petite sœur !

Je la lui rends donc sans un mot et les entraîne dans l'hôtel, où je leur donne ma fameuse clé (presque à contre cœur je l'avoue !) et les envois dans la chambre. Je les suis dans le couloir et m'assure qu'ils soient bien installés. Je leur laisse même Sora. Ce gros dindon ne servira à rien du tout si jamais quelqu'un essaierait de leur faire du mal, mais sa compagnie les rassurera un minimum, et l'oiseau me préviendra sûrement si il se passait quelque chose. En tout cas, la petite a l'air de l'apprécier, elle le sert comme une peluche. Je me tourne vers le grand frère.

- Où peut-on trouver les monstres qui ont enlevé tes parents ?

- Au centre-ville, dans la Grande Résidence, mais elle est tellement bien gardée... Pourquoi ils ont pris nos parents et pas d'autres gens, hein ?!

Qu'est-ce que je pourrai lui répondre ? Si je n'ai pas la réponse, je ne préfère pas le lui dire. Parfois, le silence est bienveillant. Je lui sourit gentiment en passant ma main dans ses cheveux et lui dit de bien s'enfermer, jusqu'à ce qu'on revienne les chercher. Il le fait, je redescends dans le hall, vide d'oreilles ou d'yeux indésirables, et m'adresse au Kirijin.

- Tu t'investis beaucoup pour ces enfants, dis moi ! Les parents de ces gamins ont été emmenés pour de bonnes raisons, ils doivent sûrement faire partie de la tête des rebelles et/ou avoir des informations importantes. Ce qui, en soit, signifie qu'ils seront gardés en vie encore pour quelques heures au moins, s'ils gardent ce qu'ils savent pour eux. Moins drôle, rester en vie plus longtemps est synonyme de tortures plus longues. En somme, nous avons le temps de nous préparer, mais agir au plus vite serait la meilleure solution. Le gamin a parlé de la Grande Résidence au centre-ville, toi qui vient d'ici, tu devrais connaître ? On dirait bien que cette nuit va être bien longue, j'apprécierai si nous partions de suite.

Le Mizukage est vraiment.. Comment dire ? Susceptible ! J'ai dû lever un sourcil d'étonnement quand il m'a presque sauté à la gorge en défendant ses actions. Du moins, c'est comme ça que je l'ai pris. Peut-être est-il de mauvaise humeur ? Ah non, ça, c'était moi jusqu'à maintenant. Je vais donc arrêter de lui casser les pieds, un petit moment. Une chose est sûre, les Kirijins sont vraiment bizarres. Bornés, susceptibles, arrogants et contradictoires. Macho ! Cette remarque me fait bien rire, parce que je suis exactement pareille. Sauf pour le 'macho' bien sûr. Shieru doit être quelqu'un de bien, du moins je l'espère. Et puis de toute manière, qu'il le soit ou pas ne change rien pour moi : nos chemins s'écarteront après cette histoire, je retournerai à Iwa et les chances de le recroiser par après sont infimes.

L'adrénaline que je libère depuis le début du trajet me remet d'aplomb. Si bien que je suis presque de bonne humeur ! Le soleil ne va pas tarder à pointer le bout de son nez. Aurons-nous terminé ce petit imprévu avant midi ? Sûrement, surtout si on s'en reporte au Mizukage. Il faut y aller à l'instinct. Certes, mais très peu pour moi. Je suis d'avis à d'abord évaluer une situation avant de foncer dans le tas, c'est bien plus sage. Il est clair qu'on perd un peu de temps en faisant ça, mais les risques sont minimisés et l'accomplissement des buts mieux effectué. Etant donné qu'il n'a vraiment pas l'air d'être ce genre de ninja, je fais ma prospection visuelle seule et en silence.

La Grande Résidence est la pus haute tour du village, d'après Shieru. Située au centre ville, elle surplombe en effet la ville. De grands panneaux de publicité électriques y étaient accrochés, toujours allumés malgré l'heure tardive, d'autres sont éteints et certains clignotent. Plus subjectivement, ce bâtiment est vraiment lugubre et a l'air insalubre : Ame aurait vraiment besoin de se remettre sur pieds, et vite ! La Tour est accessible à partir des immeubles d'à coté, mais que sur les deux ou trois premiers étages, du moins, pour les civils. Une entrée principale, gardée. D'ici, je compte deux entrées secondaires.  
D'après ce que nous savons, le chef actuel d'Ame est totalement ignoble avec les habitants. Il est en train de perdre l'autorité qu'il a sur les villageois à cause des rebelles et est loin d'avoir la cote avec ses ninjas qui terrorisent les gens, comme nous en avons eu l'exemple à l’hôtel. J'en conclue que c'est un idiot et qu'il va chercher à montrer sa puissance à ses compagnons : le couple d'otages doit sûrement se trouver dans une pièce assez grande où leur torture serait publique.

Ma prospection pas encore tout à fait terminée, Shieru me rabâche encore les oreilles avec son histoire  d'instinct. Il veut foncer dans le tas. Je soupire en fermant les yeux, essayant d'évaluer les possibilités rapidement. Après tout, un Kage et un Juunin devraient pouvoir se débrouiller sans avoir eu de mise au point. Je n'aime pas trop ça, je préfère couvrir mes arrières. Peut-être une habitude qui me vient du Temple ? Sûrement, parce que chaque geste était destiné à protéger les trésors qu'il renfermait, et il ne fallait surtout pas risquer de les détruire par mégarde. Ils étaient bien trop importants pour le village.

Je coupe court à mes pensées en rouvrant les yeux. A l'instinct. Essayons donc ça, après tout, je n'ai pas prévu de laisser ma peau aujourd'hui, et encore moins dans cette Tour ! Je me tourne vers Shieru, qui attend une réponse. Mon style de combat ? Comment expliquer ? Trop long, je préfère lui montrer. Me postant en face de lui, je lui pose mon index sur le bout de nez en souriant.

- Laisse moi ces sbires et je t'explique, ok ? Paaaas bouger, et pas la peine de t'emporter !

L'heure n'étais pas à la plaisanterie, mais il ne servait à rien de rester trop sérieux non plus. Je m'avance donc vers l'entrée. Les sbires m'observent d'un oeil curieux et l'un d'eux m'interpelle lorsque je m'approche trop près de la porte menant au hall.

- Hé toi là ! Qu'est-ce tu fous ?! C'est la demeure du Chef ici, dégage, pouffiasse !

Alors ça ! Cette insulte me fait l'effet d'un coup de massue sur la tête. Si j'avais été un taureau, il n'aurait pas survécu, je l'aurai chargé sur le champ. Au lieu de ça, je me tourne vers le sbire, tout sourire. Ses amis commencent à s'approcher, m'encerclant entre eux et l'entrée.

- A votre place à toi et tes amis, je retournerai gentiment faire coucouche panier, mon ami la-bas et moi, on vient faire la peau à votre super chef ! Sur ce, moi je rentre.

Je fais demi-tour et entre dans le bâtiment. Comme prévu, ces idiots me courent après. Trop prévisible. L'avantage des techniques 'larges', c'est qu'on peut les appliquer à plusieurs adversaires. Je cours jusqu'au fond du hall, les sbires toujours derrière moi. Ils n'attaquent pas, ils courent.. Erf. Ah, la voilà ! La porte menant aux escaliers, j'attrape une barre puis la bloque dicrètement et reprends ma course. Au passage, je remarque un plan du batiment accroché au mur, dont j'en mémorise une partie. A quelques mètres de la fin, je prend un élan, puis saute et rebondit sur le mur, histoire de prendre un peu de hauteur et retourner vers la porte principale.

- Kasumi Enbu, la Danse du brouillard !

Je crache une épaisse fumée grisâtre sur les sbires, qui commencent déjà à avoir du mal à respirer. De retour devant la porte principale, j'observe les plus résistants, toujours en train de me courir après, katanas dégainés, près à frapper. Ou pas. Je leur fais un petit "salut" de la main, et devant leur visage décomposé, lance un :

- Katon Heki, barrière de feu !

Voilà. Tous morts. Soit asphyxiés, soit brûlés, soit les deux. Mes doigts sur la poignée de la porte, je la referme. Moi qui n'avait pas apprécié que Shieru en tue un il y a même pas deux heures, j'ai l'air bien fine ! Tant pis, il fallait les tuer, ceux-là : me traiter de pouffiasse, franchement inadmissible. Je me retourne vers le Kirijin, puis explique.

- Oui je sais je sais, j'ai bloqué l'entrée principale, mais suis moi !

Je l'entraîne sur le flanc Ouest du bâtiment et ouvre une des portes secondaires. Après un couloir sombre et humide, nous arrivons dans une cage d'escaliers mal éclairée. Je commence à monter les premières marches et décide d'expliquer.

- Ce passage nous permet d’éviter de passer par les premiers étages. La salle principale où on peut trouver leur soit disant Chef est beaucoup plus haut, c'est pour ça que j'ai condamné l'entrée principale. Au passage, je suis un ninja bouclier. En somme : tu attaques, je protège. C'est aussi simple que ça. Ça te convient ?

Maintenant on ne rigole plus ? Dire ça après sa démonstration de pouvoir dans le hall de l'hôtel ? Raah, le petit prétentieux ! Bon, après tout il peut se le permettre en tant que Kage. J'ai préféré me taire, pour une fois. Shieru est trop sérieux, ou dans l'autre sens : je suis trop enfantine. Prendre mes jambes à mon cou face aux responsabilités non désirées, c'est moi. Lui porte le poids d'une des nations militaires sur ses épaules, du coup, ça a dû bien le rabougrir, j'imagine. D'ailleurs, il aurait dû se faire accompagner par des gardes du corps, ça m'aurait sûrement permis d'aller dormir. Mais bon, ma présence dans ce bourbier est entièrement ma faute : j'ai accepté de mon plein gré d'y aller. Aurais-je refusé si j'avais su qu'aider les mioches reviendrait à bouleverser la politique à Ame ? En  réfléchissant bien, non, pas le moins du monde. Il est probable que je me fasse un peu taper sur les doigts lors de mon retour à Iwa, si jamais ils apprennent ma participation à cet événement. Alors pourquoi est-ce que le Kirijin m'agace à ce point, et pourquoi je lui en veux ? J'aurai préféré une meilleure entente, certes. Mais essayer de changer son comportement désagréable est une perte de temps, et je dois avouer que je ne suis pas un exemple non plus.

Le temps que je me sorte de mon monologue intérieur, Shieru était déjà passé à l'action. Là je dois avouer qu'il a réussi à m'épater : je n'avais jamais vu un utilisateur de Meiton passer à l'action, mis à part son numéro à l'hôtel. Et le résultat me donne froid dans le dos. Ce chakra violet, les marques... Ce type de jutsu ou je ne sais pas trop comment le qualifier, ne devrait pas exister. Après avoir passé le cap de la stupeur, prendre la fuite aurait été la première chose à faire face à ce truc. Plus j'en vois sur Shieru, plus je me dis qu'il n'a rien d'humain. Presque plus rien. D'ailleurs, pourquoi un tel accent de rage envers les premiers ennemis ? C'est alors que je remarque une sorte d’emblème sur son bras, auparavant caché par ses vêtements, qu'il a enlevé. Une habitude de se déshabiller avant un combat ? Ils sont vraiment bizarres ces Kirijins ! Bref, l'emblème. Le même que celui du katana venté par le premier ennemi. Hmm.. Un trésor de famille sûrement. Je soupire longuement. Non d'agacement, mais de peine. La vie ne devrait pas être comme ça. Enfin, ce n'est pas juste.

Mes yeux font le tour de la pièce, une espèce de grand hangar étrange et inqualifiable. Un troupeau de ninjas, tous des hommes. Mais c'est quoi ce monde de machos ?! Je compte rapidement : une soixantaine, et à en croire mes oreilles, d'autres arriveraient sous peu. La poisse, la poisse ! Je me note mentalement que PLUS JAMAIS je ne quitterai Iwa à part pour une mission, parce que c'est toujours la même chose : un bordel !

- Et toi de me montrer la puissance de Kiri, alors essayons de faire ça bien, Sama !

Une marque de respect ? Je m'étonne moi-même ! Bon, il est temps de passer à l'action, visiblement ! Avec un nombre aussi important d'adversaires et une quantité limitée de chakra, on peut qualifier la situation de 'presque suicidaire'. Il faut en abattre un maximum en un minimum d'efforts. Ma main se glisse dans ma sacoche et je fonce vers un petit groupe d'une dizaine d'ennemis à notre gauche, non loin d'un mur. Arrivée à une dizaine de mètres, il s'étaient préparés à une attaque de face. Mais non, tout le monde sait que la fouine que je suis n'irait jamais au casse-pipe de cette manière, voyons ! Je vire à gauche, puis passe derrière eux, sentant des kunais me siffler près de oreilles, je leur passe autour et hop, voilà le travail !

Les parchemins explosifs que j'avais collés ne les ont qu'effleurés, mais leur réaction est parfaite : ils se dirigent tous dans la même direction. Profitant de la fumée de l'explosion, je me place dans l'axe, pose ma main à terre et lance un :

- Doton, Dorou Domu !

Une dôme de pierre se forme à partir du sol du bâtiment et englobe la petite dizaines qu'ils étaient. Une fois bien capturés, je fais demi-tour : plus qu'une cinquantaine, avant que les prochains ne pointent le bout de leur nez. Me retournant pour évaluer où en étaient les combats du côté de Shieru, je le vois occupé avec un autre groupe d'ennemis. Il me reste quelques secondes de tranquillité avant que la fumée de se dissipe. La bande de lâches ! Essayant de cumuler leurs forces, un petit groupe de ninjas s'apprêtaient à attaquer le Kirijin par derrière. Visiblement, ils avaient compris que le Ninjutsu était inefficace contre lui, vu qu'ils lui foncent dessus, voulant sans doute user d'un quelconque Taijutsu. J'hésite un peu (après tout c'est un Kage hein!), puis effectue un bond à travers la pièce, pour me retrouver dos à dos avec Shieru, les lâches face à moi, toujours en pleine course. Les mudras s'enchaînent à la va vite, pas le temps de s'appliquer.

- Yoton, Gum Dama !

Juste à temps, ouf ! La boule de gomme élastique nous protège des attaques, mais je sais qu'elle ne tiendra pas plus longtemps. J'en profite pour placer une remarque au Kirijin.

- Pas la peine de me dire que j'ai fait ça pour rien et que tu aurais pu te débrouiller seul hein..

Shinobi no baka ! Je me retiens de le frapper, mais je fulmine. De l'extérieur, je dois sûrement ressembler à une locomotive, de la vapeur sortant des oreilles et des narines. Rien du tout, il a rien compris ! J'avais pourtant été claire : il attaque, je protège ! A quoi bon échanger les rôles ? Certes, nous étions encerclés, mais j'étais préparée à élever des murs, je suis là pour ça après tout ! Je préfère me taire, c'est plus simple et ça évitera une prise de bec pour rien. En y repensant, il a quand même été gentil, voire mignon, même si ça n'a duré que quelques secondes. Resterait-il une part encore un tant soit peu humaine dans ce corps de brute sanguinaire ?

Pas une très grande en tout cas. Ce Kirijin a bien la puissance qu'il vante, son attaque a balayé la pièce de part en part. Ils étaient combien déjà à la base ? Enormément, et il les a presque tous terrassé avec une seule technique. Redoutable. Je me note au fond de mon esprit de faire en sorte de ne jamais me retrouver face à lui en combat singulier. Et bien entendu, les derniers larbins blessés étaient pour moi, ben merci ! S'il tenait encore debout, je l'aurai laissé se débrouiller seul, juste pour le contrarier. Son état m'inquiète de plus en plus. Viendra un jour où il ne se contrôlera plus : sera-t-il en mesure d'en réduire les conséquences ? Je ne pense pas, et ça me glace le sang. Esperons que ça n'arrivera pas aujourd'hui !

Je soupire en regardant les rescapés. Ils se sont regroupés, ayant visiblement compris que nous encercler était inutile.  Ceux qui étaient incapables de se déplacer grognaient de douleur, la peur au fond des pupilles, mais ne baissant pas les yeux. Ces ninjas sont pour la plupart des gens ignobles. J'essaie de m'en persuader, mais je sais que certains d'entre eux sont tout à fait respectables, ne faisant que suivre les ordres. Enfin, qui irait suivre des ordres de pillage, de meurtre d'innocents, etc.. ? Histoire d'alléger ma conscience, je les mets tous dans le même sac : des véreux. Faisant face à la petite quinzaine qui se tenait prête à l'attaque en face de nous, je n'attends pas. Mes mains effectuent les mudras avec rapidité, et sans prévenir je fais une chose qui malgré moi me sert la poitrine :

- Yoton, projection de lave.

Je créé une boule de lave, un peu plus grosse qu'à l'habitude et l'envoie droit sur le groupe. Ceux-ci reprennent un peu espoir. Ma boule n'allait pas fraire grand chose comme dégats évidemment, ils leur suffisait de faire un bond pour l'éviter. C'était sans compter le parchemin explosif accroché à un kunai que j'ai lancé sur la boule dès l'instant où elle était assez proche d'eux. Eh oui, faute de jutsus offensifs, je suis une fan des parchemins explosifs ! Ce dernier ne prit pas longtemps pour s'enflammer et faire exploser ma boule de lave. Les projections touchent nos ennemis à divers endroits, même s'ils s'étaient éloignés. Les cris et les hurlements de douleurs s'estompent un peu : la plupart sont morts. Les survivants incapables de se défendre. Mes pas me portent vers l'ennemi le plus proche. Sa jambe droite n'existe presque plus, totalement brûlée, ainsi que son torse. Il ne va pas tarder à lâcher son dernier souffle. Je m'accroupit près de lui, et l'observe droit dans les yeux. Son regard, d'abord plein de défi, diminue d'intensité et il entre vite dans une aphasie. J'en profite donc :

- Où sont les otages ?

- Les otages ?

- Le couple de rebelles, capturés cette nuit, dans quelle salle ?

- .. Celle du haut.

Fini-t-il par cracher avant de mourir. Il n'avait pas gémi de douleur, épatant. Au début du combat, les abattre ou pas n'avait pas d'importance. Serai-je devenue une grande sentimentale en même pas dix minutes ? Trop versatile, trop versatile. Je me relève et me tourne vers le Kirijin. Il n'a pas été blessé par les projections, évidemment, mais je voulais m'en assurer. J'enjambe le cadavre et me dirige vers la porte menant sûrement à la salle supérieure, où le couple devrait se trouver. Et le big boss aussi, sans aucun doute. Nous pourrions l'attendre ici, qu'il voit le carnage, mais plus on attendait, plus les otages risquaient leur peau. Arrivée près de la porte, je jete un coup d'oeil derrière moi histoire de voir si Shieru m'a emboîté le pas : non.

- Ils sont en haut. Si tu veux terminer ceux qui restent pour te venger de je ne sais quoi, vas-y, mais il ne nous reste plus beaucoup de temps.

Décidément, les ninjas d'Ame, Shieru compris étant donné ses origines, sont tous assez cramés au niveau neuronal ! Plus sérieusement, cette petite escapade m'a permis de voir que les éternels problèmes de complots, ninjas incorrects et tout le reste ne sont pas que des spécialités des grandes nations. Après réflexion, soumettre un petit village doit être plus facile, non ? J'aurai bien aimé poser cette question et discuter dictature avec le dénommé Yamatoshi, mais rien que sa voix grinçante m'agace. Le stéréotype du ninja dont il faut se méfier : un dédain spectaculaire, un visage empreint de fausse-grâce.. Le genre de type mesquin sur lequel il faudrait correctement se défouler pour lui faire ravaler son sourire moqueur. Et c'est exactement ce que j'aimerai faire, là, de suite. Sa remarque m'a piqué à vif. Eh oui, tout le monde a ses défauts : je suis susceptible, mais juste un tout petit peu n'est-ce pas !

Le plus difficile à supporter est le regard analysant de Shieru. Je lui aurai bien fait une grimace, mais la situation est bien trop tendue pour ce genre d'ânneries. Et il me traîte comme son petit larbin en plus ?! Un petit larbin qu'il se sent obligé de protéger avec ses clones, comme c'est aimable. Je deviens aigre, ce qui est de mauvaise augure. Je veux en terminer rapidement, histoire de corriger cet espèce de .. Stop. Reprenant les rênes de mon esprit bien trop vagabond, j'acquiesse aux paroles du Kirijin. La première chose que j'ai voulu faire en voyant ses clones était de les frapper jusqu'à disparition, j'étais bien trop vexée par ce manque de confiance en mes capacités. Mettant mon égo un peu de côté, je décide un tout autre sort pour ces petits morceaux de Shieru. Concoctant mentalement mon plan, j'émet un ricanement intérieur fort en sadisme. Heureusement que presque personne au monde n'est capable de voir tout ce qui passe par ma tête..

Une dizaine de gardes, encore. Ca faisait presque cent vingts ninjas rien que pour ce bâtiment, et de nuit ! Ils sont combien de ninjas dans ce petit pays ? Trop, trop, trop ! Les combats singuliers c'est que pour les grands chefs ou quoi ? Je commence à me diriger vers mes nouveaux ennemis, les clones à mes talons, attendant des ordres. D'après mes premières observations, la plupart gardes sont plutôt du type Ninjutsu de moyenne distance, et attendaient avec impatience que je rentre dans leur champ d'attaque. L'un d'entre eux est plus pressé,  il me fonce dessus, katana dégainé. Je fais signe aux clones de ne pas intervenir. Ce ninja est rapide et a l'air de bien maîtriser son arme. Si sa course n'est pas stoppée au bon timing, je pense terminer en sushi. Parfait, le timing, j'aime bien, enfin, surtout parce que c'est l'un des rares domaines où je suis douée.

Je pense que vous aussi, quand vous faites un sprint, il vous est difficile de vous arrêter net au milieu de la course, ou bien de dévier de votre trajectoire ? Il est donc plus simple de stopper net une personne rapide plutôt que d'essayer de la ralentir ou de la rattraper. Le principe de la tapette à mouche, en quelque sorte. C'est ce même principe que j'applique ici : une fois à quelques mètres de ma position et prêt à lancer son attaque de Kenjutsu, je l'arrête net.

- Katon Heki !

Un mur de feu se dresse aussitôt et carbonise le ninja n'ayant pas pu s'arrêter à temps. Il réussi tout de même à passer. Le voir en train de fumer de partout me faire rire. Toujours sur ses pieds mais recroquevillé sur lui-même, je lève ma jambe et lui abbat sur le crâne, ce qui émet un craquement sourd lorsque qu'il tombe au sol. Au moins, pour ce qui est de la force au niveau des membres inférieurs, je n'ai pas trop à me plaindre. Mort, un de moins. Seulement un ! Il est temps d'en finir, je suis épuisée, même n'ayant pas utilisé une grande quantité de chakra. Je fais signe aux clones pour qu'ils s'approchent et leur donne un seul ordre : réunir les gardes au même endroit. Ils s’exécutent ! Si seulement le véritable Shieru pouvait faire de même ! Usant de vitesse, de coups physiques et de kunais, les clones repoussent le groupe de ninjas restants. Deux d'entre eux y laissent leur fumée. Le dernier n'était pas en très bon état.

- Finissons-en maintenant. Katon, Mosu Kara.

Oui, j'ai sorti les grands moyens. Une quantité de chakra phénoménale. Mais je pouvais encore me le permettre, je n'avais usé que de techniques de faible niveau jusque là. Un dôme de flamme s'élève et englobe mes adversaires. Deux d'entre eux lancent une technique Fuuton et je les en remercie, ils accélèrent le processus. D'autres s'essaient au Suiton. Mais cette technique est bien trop redoutable pour être arrêtée par un arrosoir, elle est faite pour ne pas échouer, et pour l'instant, tient bien son rôle. Je n'ai qu'à espérer qu'ils meurent d'asphyxie ou brûlés avant que je n'ai utilisé toutes mes réserves de chakra.. Sinon j'en terminerai plus tard avec eux. Je demande au clone de rester surveiller le dôme et mes arrières et court m'enfoncer dans la petite salle-de-torture-prison des otages.

Ils sont dans un sale état : couverts de haillons tâchés de sang et de sueur. L'homme est attaché face au mur par les poignets, son dos couvert de zébrures encore suintantes. La femme a le visage méconnaissable, empli d'ecchymoses. Je déglutis difficilement en voyant la scène. J'ai déjà usé de la torture, et d'une manière bien pire que ça, mais en être qu'un simple témoin et savoir que les torturés sont du 'bon côté' me révolte.

- Ne touche pas à ma femme ou je te tue !

- Du calme, je ne suis pas votre ennemie.

- T'es qui alors ?!

- Calme toi chéri, cette fille est un ninja d'Iwa d'après son bandeau ! Vous êtes venue nous sauver ?

- Exact. Je vais vous libérer de vos chaînes, mais restez ici le temps que le combat se termine s'il vous plait. Ensuite, nous vous amènerons à vos enfants.

- Les enfants vont bien ? Ou sont-ils ? Avec qui ? Quand va-t-on y aller ?

- Du calme, ou je vous laisse attachés le temps qu'on termine.

Les deux obtempèrent et je m’exécute. Je m'apprête à rejoindre Shieru dans l'autre salle quand le clone survivant me hèle que l'un des prisonniers de mon dôme a l'air de tenir le coup. Je vais donc devoir en finir autrement avec lui...

Le combat entre Shieru et Yamatoshi me fait assez penser à une partie de ping-pong. Certes, une partie mortelle. Le premier qui relâche sa garde est foutu. L'attaque du Kirijin avait envoyé son adversaire au tapis. Ce combat avait été assez rapide... Je comptais m'occuper du survivant du dôme avant qu'il n'use tout mon chakra, mais mes muscles refusaient de répondre. La stupeur, voire presque la terreur. Le court instant où Shieru a été transpercé m'a parut une éternité, si bien que j'ai encore tous les détails de la scène en tête. La lame sortant de son épaule, accompagnée d'un filet de sang et de gouttelettes projetées, ma bouche et mes yeux grands ouverts, mes lèvres n'arrivant plus à se joindre pour prononcer le moindre mot. Puis, plus vite, le voir voler à travers la pièce et se faire éjecter dehors.

- Shieru !!

Je n'ai pas pu retenir un petit cri d'angoisse. Oui, j'ai peur qu'il soit mort, non, je ne sais pas s'il l'est. En tout cas, il est blessé et cette blessure doit lui paralyser un bras, vu son emplacement, cependant ne doit pas saigner des masses. Mais il ne revient pas. En serait-ce fini de lui ? Les instants qui suivirent paraissent eux aussi durer des heures ! Les rayons du soleil passent par le trou béant dans le mur, un léger vent parcoure la pièce et il n'y a aucun bruit. Je sens mes poils se hérisser quand je croise le regard du dictateur. Il faut l'avouer : je suis à sa merci. Même en usant de stratège, je n'arriverai pas à lui tenir tête très longtemps. Le regard du ninja est froid et dur : aucun doute possible, si je ne bouge pas vite fait, je vais y passer aussi.

Mais soudain, je retombe sur terre. Shieru n'est pas mort, et loin de là. Son clone est toujours avec moi. J'émet un soupire de soulagement lorsque l'information parcourt ma boîte crânienne et reprend les rênes. Je dois lui donner du temps. Or, du temps, c'est du chakra. Et avec le prisonnier tenace de mon dôme, mes réserves s'épuisent à grande vitesse. Yamatoshi maîtrise le Hikariton, et j'en connais vraiment très peu sur le sujet, mais d'après ce que j'ai pu en voir lors de son combat avec Shieru, ses techniques sont assez similaires à celles du Kirijin. Il absorbe le Ninjutsu, quelle poisse ! Comment vais-je me sortir de cette impasse encore ?! Allez Eri, bouge-toi un peu ! J'étudie les possibilités rapidement : l'emprisonner est trop dangereux voire impossible. Je vais donc me contenter d'essayer de résister à ses coups. Je me mets en position de défense, prête à monter mes murs. Espérons qu'il ne soit pas trop pressé.

- Déstresse princesse, ton prince n'est pas mort, enfin pas encore ! Mais en attendant qu'il refasse apparition, je vais m'occuper de ton cas. Shieru adore voir les gens qu'il aime se faire massacrer alors ne changeons pas les bonnes habitudes, d'accord ?

Ne pouvant pas me contrôler plus longtemps, je blêmit à vue d'oeil et sens mon rythme cardique augmenter. J'entends mon coeur marteler et résonner dans mes oreilles. La peur. Oui, j'ai peur.


Flashback :

- Tu sais Eri, si jamais l'un de nous devait mourir bien avant l'autre...
- Mais qu'est-ce que tu racontes Shin ?! Aucun de nous ne va mourir dans les 40 prochaines années alors arrête un peu tes ânneries !
- Héhé.. Aurais-tu peur de la mort ?
- Biensûr que non ! Je suis une gardienne du Temple de la Terre, ninja d'Iwagakure, je n'ai pas le droit d'avoir peur de la mort, baka, et jamais je n'aurai peur !
- Alors arrête de pleurer.

Et ses yeux se fermirent définitivement, un dernier sourire pendu à ses lèvres. Mort.

/ Flashback


Raah, me souvenir de ça à ce moment précis... Je m'en serai bien passée ! Il faut que je mette ça de côté pour me concentrer sur le présent. Je dis au clone de Shieru de rester surveiller le dôme et de s'occuper du survivant si jamais je devais arrêter le jutsu. Je reprends contrôle de moi-même et fixe le ninja d'Ame. Il souriait avec un regard sadique, comme si j'étais sa prochaine friandise. Et ça, je le suis, sa prochaine friandise. Sans crier gare, il me fonce dessus puis dévie de sa trajectoire. Il a l'intention d'atteindre mes angles morts avec sa lame.

- Yoton, Yougan no Bakuhatsu !

Au dernier moment, des blocs de lave se dressent, empêchant Yamatoshi de m'atteindre. Mais je me rends compte que je suis loin d'être assez rapide. Et je tappe déjà dans mes dernières réserves de chakra.

- Aah, alors comme ça la petite copine de Shieru serait une descendante Kurotsuchi ? C'est presque dommage de t'éliminer, déjà que vous n'êtes plus beaucoup à posséder le Yoton ! Mais ce n'était qu'une mise en bouche, alors maintenant, soyons plus sérieux !

Il retente de m'attaquer avec sa lame, mais sa vitesse a vraiment augmenté. Je n'arrive pas à suivre le mouvement avec mon ninjutsu et suis donc obligée de parer avec un kunai. Le choc entre les armes émet des étincelles. J'essaie de m'esquiver en reculant, mais une de ses mains a lâché la lame pour agripper mes cheveux, et me balance contre le mur. A moitié assommée, la vision floue et sentant du sang couler à l'arrière de mon crâne, je vois mon dôme diminuer d'intensité, jusqu'à disparaître. Le clone abat le dernier survivant avec difficulté, puis disparaît à son tour. Je suis seule maintenant. Je me sens bien pitoyable, mais qu'aurais-je pu faire de plus dans cette situation ? J'essaie de me lever mais mes membres ont du mal à répondre. Mon crâne doit sans doute être fracturé vu la douleur qui me foudroie quand je bouge la tête. Sans avoir le temps de me remettre correctement sur pieds, Yamatoshi revient à la charge. Je n'ai plus assez de chakra pour quoi ce que soit, et même plus la force pour me protéger dignement. C'est donc impuissante que je subit une ribambelle de coups un peu partout, et suis envoyée valser à travers la pièce une nouvelle fois. Mais cette fois, je crois bien être incapable de me relever.

Le dictateur s'approche lentement, se baisse et empoigne mon cou d'une seule main. Il me soulève comme si je n'étais qu'une poupée de chiffons et m'emmène près du trou par lequel il a balancé Shieru quelques minutes plus tôt. Puis il serre. Fort, très fort. Je sens que l'air me manque, et un filet de sang coule de ma bouche. Je suffoque et ma vision se trouble totalement.

- Alors Shieru, tu ne viens pas aider ta copine ?! Et après c'est moi que tu traîtes de lâche ?! Allez, regarde-la mourir maintenant !

Dormir.. J'ai envie de dormir. Et pour un très long moment. Je pourrai : je suis bien, ici. J'ai presque chaud, mais je n'ai mal nulle part. Pourtant, j'avais mal, avant ? Alors pourquoi la douleur a-t-elle été stoppée ? J'ai l'impression d'avoir oublié quelque chose. Une chose très importante. Comment ai-je fait pour me retrouver ici ? Et d'ailleurs, où suis-je ? Je cherche dans ma mémoire. Ame. Hotel. Shieru. Combat.

Soudain, je comprends et reprends connaissance. J'observe le plafond un petit moment, les sens en éveil. Puis je m'assois non sans difficulté, ma vision est trouble et l'arrière de mon crâne me fait un mal de chien ! Je porte ma main à ma gorge, qui avait failli se retrouver broyée par Yamatoshi. Que s'est-il passé ici ? Je cherche les combattants des yeux, et découvre le corps de l'ancien dictateur, mutilé au milieu des décombres. Ne me dites pas que j'ai tout loupé !? J'essaie de me souvenir, mais mon inconscient me stoppe, comme si j'étais sensée oublier. Shieru est à quelques mètres de moi, mais son visage a l'air de dire qu'il est bien plus loin que ça. J’entends son souffle d'ici, il est vivant, mais mal en point. Pourquoi tant de tourments ?

Mes réflexions me font mal au crâne. Je me relève péniblement, chancelle et retombe presque à genoux. J'ai un haut le cœur et suis obligée de me retenir au mur pour tenir droite. Saleté de corps faible et pourri ! Je dois voir si les otages vont bien. Obligée de me tenir au mur, j'atteins avec difficulté la porte de leur ancienne prison. Ils se son enfermés à l'intérieur lors du combat, bien bien. Je leur ouvre et les invite à sortir, ce qu'ils font en poussant des cris de stupeur en constatant les dégâts.

- Vous êtes blessés ! Comment vous remercier ? Nous ne sommes pas médecins... Et nos enfants ? Est-...

- Ils sont à l’hôtel Z, chambre 27. Allez-y, je m'occupe de lui.

- Merci encore, merci !

Puis ils partent tous les deux d'un pas rapide. Les retenir ici plus longtemps n'aurait pas été utile s'ils n'étaient pas médecins. J'ai l'impression d'être un zombie, à marcher de travers avec un regard vide. Shieru n'a toujours pas bougé. Bien que voulant m'approcher, je ne le fais pas. Je décide de m'asseoir pour attendre qu'il reprenne conscience de la réalité. Chercher un médecin. C'est ce que je devrai faire, mais comment ? C'est lui qui vient d'ici, pas moi. Je suis tellement concentrée que je sursaute lorsque j'entends une voix connue :

- Toujours en train de faire n'importe quoi, Eri !

Je ne prends pas la peine de regarder le nouveau venu, je sourit en fermant les yeux, soupirant de soulagement. Je sais que tout va bien se terminer maintenant, et j'en ai le cœur léger.

- Tu aurais pu te montrer plus tôt Koma, au lieu de nous suivre et nous laisser nous faire à moitié tué tous les deux.

- Je suis juste chargé de surveiller ma cousine fugueuse, voyons. Et interférer dans tes aventures, moi ? Jamais !

Mon cousin est une personne étrange, mais adorable. C'est sans doute l'une des personnes avec qui je m'entends le mieux depuis mon retour au village. Pourtant, quelque chose dans sa voix me perturbe.

- Pourquoi m'avoir suivi ?

- Un nouvelle importante.. Ton père a lâché son dernier soupir il y a deux nuits.

Ah. Que répondre ? Je préfère de loin de rien dire. Je ne suis pas proche de lui, alors sa mort, même si elle devrait, ne me touche pas plus que ça. Et avec l'état second dans lequel je suis, c'est assez compréhensible. Je soupire.

- Nous en parlerons plus tard. Peux-tu t'occuper de lui, s'il te plaît ?

Koma accepte sans hésiter. Si j'étais tellement heureuse de le voir, c'est parce qu'en plus d'être un Kurotsuchi formidable, il maîtrise les techniques médicales. Il s'approche de Shieru et commence à le soigner. Quant à moi, je m'adosse contre un mur et observe la scène, perdue dans mes pensées. Mon retour à Iwa se fera après les funérailles de mon père, étant donné la distance qui me sépare du village. Ce n'est pas grave en soit, mais j'aurai aimé être présente, pour le principe. Je me laisse submerger par mes souvenirs de lui. J'ai beau cherché, je n'en vois aucun de gai. Mais c'était un bon ninja. Koma se relève après quelques temps. Je ne saurai dire combien, tellement j'étais perdue dans mes pensées. Il s'approche de moi, et très vite, fait disparaître ma fracture du crâne. Il me met un bandage histoire d'être sûr. Je l'en remercie et me lève. Shieru est toujours couché, à demi-conscient.

- Il sera dans un meilleur état d'ici quelques minutes. Nous devons nous mettre en route maintenant.

J'acquièce, même si je n'ai pas envie de partir. Eh oui, aussi étonnant que cela puisse paraître, j'obéis ! Je m'approche tout de même de Shieru, et m'accroupit près de lui et le regarde en souriant.

- Désolée de partir aussi précipitamment, mais j'ai d'autres problèmes à régler. Tu m'as sauvé la vie, Mizu-sama, je t'en dois une ! Alors faisons en sorte de se recroiser un jour.

Je lui fais un clin d’œil et puis, prise d'un élan de gaminerie, lui tire la langue en grimaçant, avant de me relever pour faire demi-tour. Jamais, ô grand jamais, je n'aurai pensé que cet au revoir soit aussi dur. C'est que je m'y étais un peu accroché quand même, à ce Kirijin. Un bruit d'ailes familier, et Sora vint se poser sur mon épaule. Je le toise du regard, puis le caresse allègrement : il l'avait bien mérité, ce petit dindon. Bon, l'heure est venue de partir..